JENNY-LES-VRILLES

Lorsque le détective privé John Nyquist descend du car au milieu des champs, il est déboussolé par les lumières naturelles et les espaces ouverts, n’ayant vécu que dans les villes denses et éclairées artificiellement.

Bienvenue à Hoxley-sur-la-Vive, petit village hors du temps, où la vie des habitantes et habitants est rythmée chaque jour par de lourdes traditions : 357 saints y sont fêtés aléatoirement, et leurs règles scrupuleusement respectées du matin au soir. Ainsi, sainte Meade exige un vœu de silence absolu ; le lendemain, les saints Edmund et Alice obligent tout le monde à porter le masque et l’uniforme rituels…
Comment mener l’enquête dans ces conditions ? Nyquist erre sur les traces de son père, porté disparu depuis vingt ans, que personne ne semble connaître à Hoxley. Nyquist a pourtant en sa possession une poignée de photographies le représentant dans ce village.

L’ambiance de cette aventure des Enquêtes de Nyquist se glisse entre légendes locales, fêtes de village et magie noire. On pense aux discordances pittoresques du Village de M. Night Shyamalan, ou aux inquiétants paganismes de la série True Detective.
Sorcières, voyantes et fous, malédictions congénitales… Une comptine d’enfant pour seul avertissement contre les ombres rôdantes du village. Entre quelles griffes tomberez-vous ? Jenny-les-Vrilles entortillant ses racines autour de vos chairs, ou le mystérieux Tolly Man, démon feuillu, en visite une fois par an ?

Jeff Noon s’inspire du principe des Villes invisibles d’Italo Calvino pour concevoir les villes qui seront à chaque livre le théâtre complètement halluciné de l’enquête de Nyquist. Démêler le vrai du faux, quand la mise en abyme vous fait perdre le sens du réel et de l’imaginaire.

Après Un homme d’ombres (2021) et La Ville des histoires (2022), Jeff Noon, sorte de Lewis Carroll moderne sous substances hallucinogènes, se joue à nouveau des codes du polar et du fantastique, avec son détective solitaire à la vie cabossée.