C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris ce matin la disparition d’Angélica Gorodischer, figure de proue de la littérature hispanique et militante féministe, le 5 février dernier, à Rosario (Argentine), où elle a passé sa vie et qui a imprégné son œuvre, à l’âge de 93 ans. Comparée à Ursula K. Le Guin et à Virginia Woolf, elle aura consacré sa vie à l’écriture et à la visibilisation de l’écriture féminine et des littératures de l’imaginaire. Nous adressons nos plus sincères condoléances à sa famille.

« Impératrice omnisciente, sorcière sans sortilèges », écrivaine en liberté Angélica Gorodischer a tissé, par son œuvre foisonnante la trame d’un univers littéraire qui n’a rien a envier aux grands récits. À travers ces tribulations extraordinaires se devine une satire des excès politiques de nos sociétés, l’absurdité et la beauté du monde.

Née en 1928 à Buenos Aires, elle connaîtra les multiples dictatures qui rongeront son pays tout au long du xxe siècle. En 1991, elle reçut à la fois la Bourse Fullbright de l’Université de Greeley (Colorado), le Prix Gilgamesh de Fantasy pour Kalpa Imperial, et le prix Gilgamesh de la nouvelle pour Así es el sur et Retrato de la Emperatriz, puis, en 2011, le World Fantasy Award lui fut décerné pour l’ensemble de son œuvre. Érigée au rang des voix les plus remarquables de la science-fiction écrite en langue espagnole, à tel point qu’Ursula K. Le Guin traduisit Kalpa Imperial, Angélica Gorodischer était, à bien des égards, une Doris Lessing argentine, une grande dame de la littérature qui ne s’embarrassait pas des querelles de genres littéraires.

En plus d’être une figure majeure de la littérature argentine, Angélica Gorodischer prit très tôt position pour les luttes féministes en Argentine. En 1996, le Prix Dignité de l’Assemblée permanente pour les droits de l’Homme lui fut attribué pour son action en faveur des droits des femmes. Elle se plaisait à dire  » Le féminisme […] a mauvaise presse parce qu’une société machiste et phallocentrique veille à ce qu’il ait mauvaise presse […] Je veux un monde pour les hommes et les femmes ». Elle porta haut la visibilisation de nombre de femme écrivains, par l’organisation de colloques sur l’écriture féminine dans la science-fiction et le fantastique, dans les universités locales et internationales, laissant derrière elle un héritage précieux.

La Volte poursuit son travail entrepris en 2017 avec la publication de Kalpa Imperial, puis deTrafalgar, avec la publication, en octobre 2022, de Prodiges.