Interview de SABRINA CALVO

27 Fév 2017 | Actus

AU BAL DES ACTIFS

Interview de David Calvo pour sa nouvelle « Parfum d’une mouffette »

Interview de SABRINA CALVO

Fév 27, 2017 | Actus

« Parfum d’une mouffette », un titre évocateur. Le travail, ça pue ?

Non, je faisais plutôt référence à l’idée que le rapport maison d’édition-auteurs commençait à sentir la mort… ce n’est pas le travail qui est visé, plutôt la façon dont les choses se transforment et tuent l’enthousiasme. Plus qu’au travail, je fais référence à la notion d’emploi, qui pue bien, anéfé. On a tendance à les confondre. J’ai passé ma vie à essayer d’avoir un “travail” d’auteur, à travers tout un tas de formes, et j’ai toujours essayé d’être rémunéré pour ça, car on vit dans cette réalité là – le dialogue forcé avec Mammon. Chacun(e) envisage son travail différemment, peut être le travail d’une vie, le travail d’un moment… Je sais pas si c’est le bon mot, en fait, ça me fait un peu flipper ce mot, travail. Je pense que déjà, définir ce terme, et articuler un projet de société intégrant ça, ce serait un début.

As-tu conservé de bonne relations avec ton éditeur suite à l’envoi de ton texte ?

Il a lu mon dernier manuscrit sans trop couiner, donc j’imagine qu’il a dû considérer son intérêt financier avant de me jeter. Sa femme me fait pas la gueule, c’est bon signe.

Au vu de la situation sur le marché de l’édition, as-tu déjà pensé à une reconversion ? En éditeur de contenu par exemple ?

Non, même si, dans le jeu vidéo, mon autre passion-cheval, l’écriture est souvent reléguée à ce rôle-là.

Les écrivains coutent cher et font perdre du temps au système. Quel est d’ailleurs ton rapport au Système ?

Comme tout le monde, j’imagine, faut payer son loyer et ses factures d’internet. Le reste, bon, moi j’ai des besoins minimums, j’ai la vie d’un enfant de 12 ans en vacances, c’est pas la gloire ni la vie de château, mais j’ai un chat ingrat et pas de dettes. Je suis né avec un certains nombres de privilèges dont je suis tout à fait conscient. On n’est jamais tout à fait libre d’un système qui nous a vu naitre, mais on peut s’y aménager des campings-santé-vacances qui durent.

Ta nouvelle m’a fait pleurer. Peux-tu me rédiger un modèle de lettre de réclamation pour ton service après-vente ?

Prendre au sérieux quelque chose d’aussi peu sérieux, c’est pas très sérieux.

En fin de compte, n’est-ce pas l’éditeur le bon garant de l’ordre et de la civilisation face à la subversivité polymorphe et débridée des auteurs ?

J’adore mon éditeur. Tous mes éditeurs, passés et futurs, s’il y en a encore. Certains m’ont beaucoup déçu, on fait avec, on avance, je ne leur en veux pas, je suis pas spécialement docile. J’écris la même chose depuis 20 ans. A un moment, ils vont finir par éventer la supercherie et m’envoyer bouler. J’espère qu’à ce moment-là, j’aurai fini par comprendre ce que ça veut dire, mourir.   – Propos recueillis par Anne Adam

« Parfum d’une mouffette », un titre évocateur. Le travail, ça pue ?

Non, je faisais plutôt référence à l’idée que le rapport maison d’édition-auteurs commençait à sentir la mort… ce n’est pas le travail qui est visé, plutôt la façon dont les choses se transforment et tuent l’enthousiasme. Plus qu’au travail, je fais référence à la notion d’emploi, qui pue bien, anéfé. On a tendance à les confondre. J’ai passé ma vie à essayer d’avoir un “travail” d’auteur, à travers tout un tas de formes, et j’ai toujours essayé d’être rémunéré pour ça, car on vit dans cette réalité là – le dialogue forcé avec Mammon. Chacun(e) envisage son travail différemment, peut être le travail d’une vie, le travail d’un moment… Je sais pas si c’est le bon mot, en fait, ça me fait un peu flipper ce mot, travail. Je pense que déjà, définir ce terme, et articuler un projet de société intégrant ça, ce serait un début.

As-tu conservé de bonne relations avec ton éditeur suite à l’envoi de ton texte ?

Il a lu mon dernier manuscrit sans trop couiner, donc j’imagine qu’il a dû considérer son intérêt financier avant de me jeter. Sa femme me fait pas la gueule, c’est bon signe.

Au vu de la situation sur le marché de l’édition, as-tu déjà pensé à une reconversion ? En éditeur de contenu par exemple ?

Non, même si, dans le jeu vidéo, mon autre passion-cheval, l’écriture est souvent reléguée à ce rôle-là.

Les écrivains coutent cher et font perdre du temps au système. Quel est d’ailleurs ton rapport au Système ?

Comme tout le monde, j’imagine, faut payer son loyer et ses factures d’internet. Le reste, bon, moi j’ai des besoins minimums, j’ai la vie d’un enfant de 12 ans en vacances, c’est pas la gloire ni la vie de château, mais j’ai un chat ingrat et pas de dettes. Je suis né avec un certains nombres de privilèges dont je suis tout à fait conscient. On n’est jamais tout à fait libre d’un système qui nous a vu naitre, mais on peut s’y aménager des campings-santé-vacances qui durent.

Ta nouvelle m’a fait pleurer. Peux-tu me rédiger un modèle de lettre de réclamation pour ton service après-vente ?

Prendre au sérieux quelque chose d’aussi peu sérieux, c’est pas très sérieux.

En fin de compte, n’est-ce pas l’éditeur le bon garant de l’ordre et de la civilisation face à la subversivité polymorphe et débridée des auteurs ?

J’adore mon éditeur. Tous mes éditeurs, passés et futurs, s’il y en a encore. Certains m’ont beaucoup déçu, on fait avec, on avance, je ne leur en veux pas, je suis pas spécialement docile. J’écris la même chose depuis 20 ans. A un moment, ils vont finir par éventer la supercherie et m’envoyer bouler. J’espère qu’à ce moment-là, j’aurai fini par comprendre ce que ça veut dire, mourir.   – Propos recueillis par Anne Adam

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