Nous sommes au regret de vous annoncer le décès hier dans la nuit de l’écrivain et militant Valerio Evangelisti, à Bologne où il était né le 20 juin 1952.
Il incarnanait la figure la plus connue de la science-fiction, du fantastique et de l’horreur italienne contemporaine.
Son œuvre la plus connue et acclamée, le cycle de l’Inquisiteur Nicolas Eymerich, comprend une douzaine de romans publiés entre 1993 et 2021, qui mêlent histoire et science-fiction autour de la figure de l’inquisiteur éponyme du 16e siècle.
La Volte avait d’ailleurs repris et achevé le cycle que l’auteur n’avait pas pu conclure chez son précédent éditeur. « Son dernier livre, Le fantôme d’Eymerich, est paru en janvier 2021 », rappelle Mathias Echenay. « Si Nicolas Eymerich peut revenir d’entre les morts, peut-être qu’Evangelisti peut lui aussi ne pas mourir complètement. »
Valerio prônait une science-fiction critique et contestataire, qu’il réaffirmait à l’occasion d’un manifeste pour les 15 ans de La Volte :
Quelle littérature sait interroger la réalité présente ? Se confronter au pouvoir moderne, à son anonymat, à la multiplicité de ses réseaux ? Prendre la mesure du rayonnement doctrinaire, de la machine du contrôle social, de l’envergure planétaire des ambitions ? En jouant avec les systèmes-mondes, en manipulant les hypothèses, la science-fiction constitue un de ces laboratoires où se lisent l’intime composition chimique du monde actuel et les forces qui le feront entrer en explosion. Tandis que la « grande littérature » se complaît à l’ignorer, la littérature des « étages inférieurs » a fait de l’époque son objet de prédilection. Je fais là allusion à la science-fiction. Par nature, le genre est « maximaliste » et incline à traiter de vastes sujets : peinture des mutations à large échelle, dévoilement de systèmes de domination, dénonciation des effets tragiques ou bizarres de la technologie, invention de sociétés alternatives.
Valerio Evangelisti, Manifeste pour la science-fiction
Traduit dans de nombreuses langues, et lauréat tour à tour du Grand Prix de l’Imaginaire (1998), du Prix Tour Eiffel, et du Prix Italia (2000) dans la catégorie fiction radiophonique, il avait parallèlement consacré sa vie à la politique dans des mouvements contrestataire, « Potere al Popolo » formation antifasciste, contre la guerre et pour le socialisme à Bologne.
La Volte salue l’œuvre d’un homme partagé entre la littérature et sa vie de militant, celle d’un homme « grand, parlant un français impeccable, et toujours avec un sourire et une férocité pour débattre et combattre. »
Dans la presse
- « Écrivain, militant : Valerio Evangelisti “une férocité pour débattre et combattre”, in Actualitté
- « Décès de Valerio Evangelisti : Nicolas Eymerich est désormais orphelin », in ActuSF
- « Per Valerio Evangelisti, un rivoluzionario giusto », in Rifondazione Comunista
- « Valerio Evangelisti : » Le néolibéralisme est devenu l’évangile », in Libération
- « Trois raisons de lire la saga Nicolas Eymerich inquisiteur », in Télérama
- « Valerio Evangelisti, auteur italien de science-fiction et de polar, est mort », in Le Figaro
- « L’écrivain de science-fiction Valerio Evangelisti est mort », in Le Monde
- « Valerio Evangelisti, important auteur de SF et grand militant, est mort », in Télérama
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