Manifeste de La Volte, vue par Philippe Curval
26 mars 2019
Manifeste pour la science-fiction
Sous ce titre ambitieux et teinté d’équivoque ne se dissimule pas une tentative de justifier à mes yeux le fait d’écrire de la science-fiction ; comme si j’avais eu besoin de tous ces mots, de tout ce temps pour m’apercevoir qu’il s’agissait d’un engagement dont j’aie à me repentir. Non, il répond à un vieux désir que j’aurais dû avoir le courage d’exprimer dès mon premier livre, proclamer l’urgence de ce mouvement littéraire international qu’est la science-fiction.
Ce manifeste n’est pas universel, ce n’est pas un laissez-passer pour discours universitaire. Seulement ma réponse à propos d’un phénomène dont l’importance ne cesse de croître et qui imprègne aujourd’hui notre société. Rien n’empêche donc d’inventer une infinité d’autres idées que les miennes pour imaginer la science-fiction ; ceux qui les découvriront feront œuvre en ce sens. Je ne pense pas détenir une vérité immuable, inventée il y a bien longtemps, qui aurait inspiré ma conduite dès l’instant où je me suis mis à écrire. Comme les anticipateurs de jadis, j’ai d’abord fait de la S.F. sans le savoir. Quand je me suis aperçu de la voie que j’avais choisie, j’ai constaté que nous étions déjà beaucoup à partager les mêmes idées, sous l’étiquette de la science-fiction et sous bien d’autres. Je ne veux pas entrer ici en conflit avec les défenseurs de Hugo Gernsback, responsable de la classification de la S.F. en genre, de sa réputation commerciale, de sa marginalisation. S’il n’avait été le père d’un néologisme fort détesté depuis les origines par les tenants de la littérature un grand L, nul doute que les écrivains qui en auraient exploré le champ spéculatif auraient été victimes du même ostracisme que celui que nous subissons. La science-fiction est une littérature d’avant-garde puisqu’elle remet en cause des schémas créateurs épuisés, qu’elle intègre de nouvelles données au discours sur la société, l’homme, la science, l’univers. Il est donc bien naturel que les précurseurs qui s’attellent à cette tâche soient victimes des tares conservatrices de ceux qui la refusent ou qui l’attaquent, je ne m’étendrai donc pas sur ce thème paranoïde et tôt dépassé. Ce qui importe avant tout, c’est de considérer l’acte d’écrire de la S.F. comme le réflexe instantané d’un certain nombre d’individus face à la sclérose culture contemporaine inapte à assimiler ses propres mutations, sans s’attarder au refus quasi généralisé d’un public peu préparé par les médias à saisir son pouvoir germinatif. Maintenant qu’une histoire du mouvement se dessine, il est facile de voir que la science-fiction évolue et se renouvelle car il est inscrit dans son destin de constituer le commentaire permanent de nos civilisations en pleine mutation. À la limite, je prétendrai même qu’il est absurde de considérer la S.F. comme une littérature de rupture puisqu’elle ne fait qu’intégrer les données du monde actuel à son discours, à la manière de toutes les grandes littératures l’ont précédée. Le phénomène ostentatoire de répulsion qui accompagne son apparition, les réactions agressives à l’égard de ses alibis scientifiques tiennent plus de l’attitude conservatrice d’une élite imprégnée d’un savoir inerte qu’à un complot antirévolutionnaire. Car le futur fait peur !
Or, la science-fiction est naturelle parce qu’elle raconte notre temps et qu’elle évoque des avenirs possibles. Cela n’est pas un élément nouveau dans l’histoire romanesque. Ce qui en revanche, c’est que la grande masse des intellectuels ne se reconnaît pas dans cet épisode culturel d’une société en cours de rénovation globale.
Je voudrais raconter ici une histoire qui pourrait l’illustrer. Une histoire importante pour moi car elle a entraîné ma prise de conscience vis-à-vis de la science-fiction et des raisons qui m’ont poussé depuis toujours à en écrire.
Un jour que j’étais dans le sud de la Thaïlande, j’ai rencontré deux jeunes géologues français en permission. Ils travaillaient pour une compagnie pétrolière internationale qui effectuait des recherches en Nouvelle-Guinée indonésienne. Ils vivaient sur une petite île à proximité de la côte afin d’éviter la jungle si inhospitalière du continent où habitait une tribu d’autochtones. Ces hommes n’avaient pas de village, pas de constructions et vivaient sous les feuillages, ils ne péchaient pas, ne chassaient pas, ne cultivaient pas, se nourrissaient de fruits et de racines. Ils ne possédaient pas de tradition orale, pas d’art, pas de religion, pas de système social évolué.
Comme la main-d’œuvre est excessivement rare en ce point du globe et qu’il faut l’importer à prix d’or, les pétroliers exploitaient cette population locale pour les gros travaux. Le plus étrange ne se situe pas dans ce portrait ambigu d’un esclavagisme qui ne s’affirme plus comme tel, car les aborigènes, en échange de leur contribution à l’enrichissement des multinationales, recevaient un salaire.
Que faire de ces dollars dans ce pays, au milieu de cette brousse hostile, pour cette population qui ne crée pas, qui ne chasse pas, qui ne cultive pas, qui ne produit pas, qui ne vend pas et qui n’éprouve pas le besoin de racheter son âme à Dieu ? Eh bien, ces aborigènes sans culture puisqu’ils n’avaient même pas inventé l’outil, qu’ils vivaient à peu près comme des animaux avant de se mettre à travailler et qui travaillaient sans nécessité, transformaient par le désir l’absurdité de leur condition : avec leurs dollars, ils s’achetaient des montres à quartz ! Mais ils ne regardaient jamais l’heure. Sans doute parce qu’ils avaient trop d’imagination.
Par la suite, j’ai écrit un roman à partir du choc reçu, qui s’appelle La Face cachée du désir. Si vous avez l’occasion de le lire, vous vous apercevrez qu’il ne raconte en rien cette histoire mais qu’il est imprégné de sa substance. Car pour moi, écrire de la science-fiction, c’est avant tout dériver dans l’imaginaire pour approcher de nouveaux réels en gestation.
Maintenant que j’ai esquissé à gros traits le mécanisme de mise en marche, le but recherché devient plus évident, mais, avant de poursuivre, il est indispensable de m’accorder un bref retour en arrière sur l’histoire de la littérature science-fiction afin de discerner comment ces notions, absentes dès l’origine, ont été occultées par les forces ataviques de l’habitude. Les pionniers de l’anticipation, en introduisant pour la première fois le pied-de-biche de la technologie dans les vieilles charnières du récit romanesque, n’avaient pour ressort principal que le merveilleux scientifique. Il s’agissait pour eux d’évoquer les mécanismes de transformation du réel en jouant sur les apparences, sans s’attaquer au vif du quotidien. Ainsi, les personnages de Wells ou de Verne rencontraient le superhéros, Cavor ou Némo, qui s’introduisait en douceur au cœur d’une hypothèse de réalité, puisée dans la prospective scientifique de l’époque, de la même manière que s’emboîtent les récits des Mille et une Nuits. Par un habile tour de passe-passe, ils ne s’écartaient pas de la tradition. Le lecteur savait qu’un monde normal existait par ailleurs où il pouvait se faire rapatrier en cas de vertige.
|À un moment de l’histoire littéraire où certains écrivains se préoccupaient déjà d’en faire sauter les verrous en privilégiant la recherche formelle, les pionniers de la science-fiction cherchaient surtout à en réactiver les thèmes essoufflés. Ils utilisaient l’écriture la plus claire, le style le plus indifférent afin de rendre leur tentative plus évidente. Les générations qui ont suivi n’ont fait que reproduire ce schéma, l’amenant peu à peu au classicisme. Bref à l’étouffement. Ce processus de récupération a heureusement été enrayé par les contestataires des années 50, Sturgeon, Sheckley, Brown, Pohl, Van Vogt, Kuttner, Clarke qui ont réactivé la science-fiction en lui insufflant ce caractère novateur qu’elle n’aurait jamais dû perdre. Néanmoins, à ma connaissance, on ne peut observer aucune tentative de bouleversement dans le domaine formel avant l’apparition du roman de Daniel Drode en Surface de la planète. Clifford D. Simak et Ray Bradbury avaient utilisé le cycle de nouvelles pour produire une série de micro-explosions favorables au déracinement du lecteur. Ainsi, par simple frottement entre les récits, naissaient des univers différents que n’aurait pu produire une structure plus linéaire. D’autant que l’évacuation du héros identifiable, cher au roman classique, brouillait un bon nombre de pistes. On peut voir également dans les calligrammes télépathiques de L’Homme démoli d’Alfred Bester une tentative d’appropriation des recherches d’Apollinaire à un problème spécifique de la S.F.
Si ces œuvres contiennent en germe un essai de rénovation formelle, elles procèdent pourtant de la tradition. Par contre, Daniel Drode souligne pour la première fois la contradiction apparente entre le propos de la science-fiction, fondé sur l’exploration des possibles, et les outils culturels, linguistiques habituellement employés pour l’exprimer. Il déclare : « Le héros du roman d’anticipation se sert toujours du langage endimanché que lui a légué une époque perdue dans le passé, la nôtre. Lorsqu’il atteint une planète X du système Y, son émotion s’exprime avec les mêmes mots que Blériot débarquant de son zinc… Décrit-il les splendeurs de Mars ? On croirait entendre Napoléon III vantant Biarritz… En l’an 100 000 après notre ère, Lifhx’n (qu’on pourrait appeler Dupont) continuera, si l’on en croit les auteurs de S.F. à se couvrir de virgules et à s’emmêlasser dans les imparfaits du subjonctif. » L’erreur du modernisme est de se croire issu de l’avenir alors qu’il n’est qu’un produit de la contemporanéité. Sa prise de conscience marquait un temps fort. Malheureusement, les hommes de l’an 100 000 qui liront Surface de la planète ne se reconnaîtront pas plus dans l’œuvre de Daniel Drode que dans n’importe quel space opera de seconde zone, quels que soient les efforts d’anticipation linguistique de son auteur.
Obsédé par des problèmes similaires, James G. Ballard déclarait en 1965 : « La science-fiction est une forme de fiction tournée vers l’avenir et qui s’intéresse au présent immédiat en termes de futur plutôt que de passé ; elle exige des techniques narratives en rapport avec la matière même de son sujet. Jusqu’à présent, tous les écrivains y compris moi-même ne parviennent pas à assimiler que la principale technique narrative de la fiction rétrospective, faite d’enchaînements et de conséquences, fondée comme elle l’est sur un assortiment préparé d’avance d’événements et de relations est absolument inadaptée à la création d’un futur qui ne nous fait aucune concession. » II est impossible de nier aujourd’hui l’importance d’un certain nombre d’écrivains comme Ballard, Brunner, Spinrad, Aldiss, Disch, Watson, Silverberg, Jeury et moi-même sur la transformation radicale que l’intrusion des techniques littéraires découvertes au cours des dernières décennies opéra sur la science-fiction. Elle provoqua un violent traumatisme sur le public de fanatiques confortés depuis toujours par les joies du classicisme et de la réduplication.
En fait, un pan d’histoire s’était écroulé, révélant un domaine gigantesque qui avait été peu exploré, en prise directe sur la linguistique, la sociologie, l’ethnologie et des sciences humaines que les auteurs de S.F. avaient jusqu’alors bien négligées. En appréhendant l’écriture dans ce qu’elle avait de plus novateur, nous affinions notre prise de conscience en abordant le discours même d’un genre en pleine mutation. Comme toute proposition contient en germe ses excès, sa décadence, il arriva bientôt que des obsédés de la recherche formelle, à l’imitation de leurs confrères en littérature, produisirent des textes abscons où s’épuisait le discours novateur de la science-fiction.
La leçon porta doublement : il était désormais interdit d’ignorer l’évolution des techniques romanesques sans s’éloigner du projet de la S.F., mais il fallait aussi éviter l’application systématique de caches culturels rapidement désuets sur nos tentatives de déchiffrer le probable, découvrir de nouvelles mythologies induites de métamorphoses du quotidien et de l’impact du futur sur nos sociétés. Cette évolution n’a donc pas permis, comme le souhaitait Ballard, d’aboutir à une refonte totale des structures narratives, car la science-fiction est soumise, comme toutes les littératures qui l’ont précédée, aux enchaînements narratifs et à ses conséquences. Son pouvoir ne tient pas dans une simple réévaluation des méthodes ; si l’écriture doit participer à son élaboration dans une proportion au moins égale à celle de ses composantes, science (dans l’acception la plus large du terme) et fiction, elle n’est pas suffisante pour briser la vieille coquille conceptuelle qui soumet notre pensée aux catégories. En revanche elle est indispensable pour mettre en coïncidence des champs de référence culturels afin de provoquer la rupture des matrices. C’est pourquoi, aujourd’hui, et sous la force d’une surenchère, les auteurs de science-fiction, du moins les meilleurs d’entre eux, proposent d’emblée la définition d’univers atypiques d’où il est impossible de sortir sans en avoir résolu les équations. Ils convient le lecteur à en jouer les règles, donc à se transformer. Car, dans la science-fiction moderne, il n’y a qu’une alternative : ou bien le lecteur accepte de s’aventurer dans ce monde, cette société conjecturale qui n’ont que de lointaines références avec ceux qu’ils fréquentent, et tente de venir à bout de ce parcours dangereux, ou bien il ressent un phénomène de rejet parce qu’il ne supporte pas qu’on opère chirurgicalement sur sa culture.
Ce face à face auteur/lecteur où le différent tient lieu de convention exclut d’office toute trame manichéenne, tout retour/trucage aux poncifs romanesques, toute temporisation avec l’artifice psychologique. Le lecteur/spectateur est entraîné dans un lieu scénique extra-ordinaire, seul espace où se résolvent les contradictions inhérentes à la nouvelle formulation du réel qui lui est proposée. Or, si le déterminisme culturel qui préside à l’élaboration de notre personnalité peut et devrait être contrarié au cours de notre vie, il est fort rare qu’on échappe à sa classe, à son environnement social, artistique, moral, philosophique, politique, poétique et économique si l’on n’atteint pas ce point de rupture, ce moment de « génie » qui nous permet de nous dépasser, d’oublier ce poids d’humanité qui nous condamne depuis les origines à survivre au ras de l’entendement. Si nous ne demeurons que le quotient de la somme des personnalités d’un groupe divisé par la médiocrité, notre faculté de nous libérer reste soumise à l’historicité. Car le cerveau se défend lui-même contre le processus désintégrant de la créativité. Il se congèle et ses notions acquises se solidifient en systèmes qui résistent à se laisser rompre. Seuls des processus de création semblables à celui que je viens d’évoquer à propos de la science-fiction peuvent lui permettre d’y échapper afin de découvrir de nouveaux champs d’application de la réalité. Le héros de Thomas Disch, le Louie Sachetti de Camp de concentration, pense que la mémoire est un énorme bloc de rocher posé en travers de la vallée de la vie et qu’il suffit de le faire sauter pour accéder à un au-delà de nos connaissances. C’est cet au-delà qui m’inspire, car constitue peut-être la clef de notre avenir, sans doute une ouverture sur de nouvelles données du réel, sûrement une méthode pour améliorer nos connaissances de l’univers, et pour y parvenir, la science-fiction constitue le moyen d’exploration idéal, puisqu’elle permet la juxtaposition aléatoire de tous les concepts et leur traitement expérimental afin de briser la gangue culturelle qui nous enserre. Les nécessités individuelles du retour à une logique, conduisent alors spontanément à imaginer un projet différent à partir de cette explosion des catégories, aussi aisément qu’un corps chimique inédit peut naître dans une éprouvette où sont réunis des produits qui n’ont jamais été mis en présence, ou de la même manière qu’une particule inconnue surgit dans un accélérateur géant dans la mesure où on l’a supposée.
|Ce travail de pure création, essentiel à l’écrivain de S.F. et à son lecteur, s’accompagne nécessairement d’un jeu spéculatif.
Ainsi, si je reprends l’histoire des aborigènes de Nouvelle-Guinée, l’écrivain ordinaire, disons classique pour ne pas être péjoratif, s’interrogera sur les motivations des indigènes à l’achat des montres à quartz, expliquera leur démarche par la psychologie inhérente à sa formation. Ou il articulera son récit autour des colons qui les manipulent, se fera le chroniqueur attentif du fait divers, peuplera son œuvre de personnages et de connotations relatives à la face connue de l’anecdote afin d’en opérer le détournement. Bref, sa conception du roman se limitera à l’observation du réel, pas à sa transformation. Il évacuera les éléments qui n’entrent pas dans son champ spéculatif actuel ou les réduira à la portion congrue afin de couler son roman dans le moule culturel qui séduira son lecteur.
Selon moi, l’écrivain de science-fiction, fasciné par l’éblouissement conceptuel que constitue un geste aussi irrationnel que l’achat d’une montre à quartz par des êtres qui n’ont même pas la notion de l’heure, en fera le point de départ de son histoire. Il s’interrogera sur les structures visibles d’une société conçue sur ces données, sur son évolution, libérera un flot d’informations, d’inventions relatives à ce « clash » du rationnel ordinaire. Comme l’écrivait Philip K. Dick : « La science-fiction est méta-monde fermé sur une méta-humanité, une nouvelle dimension de nous-mêmes et une extension de notre sphère de réalité tout entière, elle ne connaît de ce point d’aucune limite. »
C’est à partir d’une situation nouvelle que peut se produire un sursaut de l’inspiration capable de donner naissance à de nouvelles galaxies intérieures, telles qu’elles nous apparaissent parfois aux franges les plus lointaines de la connaissance.
À ce stade, la science-fiction, plus qu’une littérature du futur, est une littérature du possible. Les avenirs qu’elle décrit ne sont pas nécessairement en gestation, ils n’ont pas besoin d’entrer dans le champ immédiat de notre évolution pour avoir de l’intérêt, mais ils doivent contenir ce fait, cette idée nouvelle qui en garantit le pouvoir explosif. Ainsi peut s’établir un dialogue avec le lecteur qui ne passe pas par l’Histoire, qui s’évade de la mémoire sociale et puise directement à la source originelle des fantasmes qui ont constitué notre société : l’inconscient collectif. Advient alors ce grand « bang » de l’imaginaire dont je parlais tout à l’heure, par effet de résonance.
Le discours actuel d’un grand nombre de penseurs sur le peu de réalité du réel sous-entend que nos sociétés sont caduques, que les bases sur lesquelles elles reposent ont été minées par notre propre action et que l’avenir de l’homme exige un renouvellement global de son imaginaire. La science-fiction est là pour accomplir ce formidable travail de restructuration qui nous attend pour être capables d’assumer notre futur, pour nous aider à décortiquer la carapace de civilisation qui nous empêche de nous épanouir. Les vieilles lanternes humanistes qui nous éclairaient ont été soufflées. Nous devons aboutir prochainement à d’importants remaniements dans la verbalisation de nos concepts et de nos désirs.
Ce n’est pas pour faire craquer la littérature que la science-fiction est née, mais c’est à long terme pour accompagner notre vieux monde en train de craquer.